Raguse

Ragusa : une ville, deux âmes

Raguse (Ragusa), c’est deux âmes et deux corps : Ragusa Superiore, la ville moderne au sommet d’une colline, et Ragusa Ibla, le centre historique en contrebas. Et entre les deux, un escalier. Après le séisme de 1693, qui ravagea le Val di Noto, la ville nouvelle fut construite sur les hauteurs. Mais les aristocrates des palais antiques d’Ibla, réticents à quitter l’endroit, décidèrent de reconstruire leur cité.

Les deux villes fusionnèrent en 1927, mais l’impression d’avoir deux villes distinctes demeure. Ragusa Superiore est une ville animée au plan urbain quadrillé, tandis qu’Ibla est un labyrinthe de ruelles et de recoins ponctué de maisons en pierre et de superbes édifices baroques. Cette architecture a bénéficié d’une publicité télévisée peu commune avec l’adaptation en série des romans policiers d’Andrea Camilleri, Commissaire Montalbano.

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Ragusa Ibla, le joyau historique

Un escalier grimpe de la Piazza della Repubblica vers la Chiesa delle Santissime Anime del Purgatorio de style baroque tardif, l'une des rares églises à avoir survécu au tremblement de terre de 1693. Elle est ornée de crânes et de symboles de pouvoir et de richesse rappelant aux fidèles que la vie terrestre est éphémère. Entrez pour admirer le tableau du maître-autel où Vierge, saints et prophètes intercèdent pour les âmes du purgatoire (vers 1800). Prenez ensuite la Via Capitano Bocchieri pour rejoindre la sublime Piazza Duomo et le Duomo di San Giorgio, chef-d’œuvre baroque de Rosario Gagliardi (milieu du XVIIIe siècle), fièrement dressé en haut d’un large escalier. Avec son extravagante façade convexe, son beffroi sculpté s’élançant vers les cieux, sa magnifique coupole néoclassique et ses vitraux, c’est le joyau de la ville. De nombreuses scènes de la série TV Commissaire Montalbano y ont été tournées.

Face au Duomo, dans le Corso XXV Aprile, se dresse le Palazzo Arezzo di Trifiletti, bâti entre le XVIIe siècle et le début du XIXe siècle. Des visites guidées permettent d’en admirer l’emblématique salle de bal, ornée de majoliques napolitaines de la fin du XVIIIe siècle et de lumineuses fresques du XIXe siècle n’ayant jamais été retouchées. Juste à côté se trouve le Circolo di Conversazione, club d’aristocrates du XVIIIe siècle, et le Teatro Donnafugata, un petit bijou de 99 places qui évoque un Opéra italien miniature. Continuez sur le Corso XXV Aprile jusqu’à la Piazza Pola et la façade incurvée de la Chiesa di San Giuseppe, attribuée à Gagliardi, ornée de colonnes et de statues. À quelques mètres se trouve le Cinabro Carrettieri, atelier de Biagio Castilletti et Damiano Rotella, maîtres-artisans fabriquant des carretti siciliani (charrette sicilienne) selon la technique traditionnelle. Plus bas, le Giardino Ibleo offre une belle vue sur la vallée. Cet agréable jardin public réunit dans son enceinte trois églises, un couvent de Capucins et les ruines de la grande Chiesa di San Giorgio Vecchio (Via dei Normanni), dont le portail gothique catalan du XIIe siècle a survécu au séisme. Remarquez le bas-relief représentant saint Georges terrassant le dragon.

Mais pour véritablement s’imprégner des lieux, il faut flâner au hasard de ce magnifique dédale de ruelles pentues, de maisons en pierre grise, de palais baroques et de places inondées de soleil. En octobre, le festival gastronomique Scale del Gusto envahit les marches, places et rues de Ragusa Ibla.

Pour embrasser du regard la ville historique de Ragusa Ibla, rendez-vous sur la terrasse située au pied du clocher de la Chiesa Santa Maria delle Scale, d'où la vue est superbe. Cette église du XIIIe siècle, reconstruite et agrandie au XVIIIe siècle, a conservé des éléments gothiques. Son nom vient de l’escalier (scale) de 300 marches qui relie Ragusa Superiore, la ville haute et “moderne” (XVIIIe siècle), à Ragusa Ibla, la ville historique. En descendant la Salita Commendatore, composée de marches et d'étroits passages voûtés, jusqu'à la Piazza della Repubblica, arrêtez-vous devant le Palazzo Nicastro, également appelé Palazzo della Cancelleria (il fut un temps le siège de la mairie). Son étroite façade baroque se distingue par un large portail entouré de demi-piliers sculptés et d'un balcon soutenu par des corbeaux ouvragés. Vous passerez ensuite devant la Chiesa di Santa Maria dell’Itria, ornée d’un clocher octogonal à dôme bleu, décoré de majoliques polychromes. L’église, fondée par les chevaliers de l'ordre de Malte au XIVe siècle, se trouve dans l’ancien quartier juif. Tout proche, le Palazzo Cosentini, un palais de la fin du XVIIIe siècle, surprend par ses balcons ouvragés, soutenus par des consoles sculptées de personnages grotesques et d'animaux.

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Promenade à Ragusa Superiore

Dominant Ragusa Superiore, la Cattedrale di San Giovanni Battista arbore une majestueuse façade baroque ornée de trois portails. Cette vaste église, construite entre 1718 et 1778, est surmontée, à gauche, d'un clocher de Mario Spada, auquel on accède par 129 marches. Autour de la cathédrale, se dressent des palais nobiliaires, comme le Palazzo Schininà di Sant’Elia (fin XVIIIe ), sur la Via Roma, dont la longue façade ornée de balcons est bordée d'un élégant pilastre à bossage. 

Plus loin, sur le Corso Italia, le Palazzo Bertini (fin XVIIIe) affiche une façade élégante aux balcons ouvragés. Remarquez les trois masques (le mendiant, le noble et le marchand) placés comme clés de voûte de trois arcs qui servaient à l'origine d'entrée, et réalisés en pierre de poix (extraite des carrières d'asphalte de la ville). Le palais abrite aujourd'hui un B&B. Sur la Via San Vito, le sublime Palazzo Zacco (1750) est surtout remarquable pour les sculptures qui décorent ses façades, comme les putti et les masques qui semblent soutenir ses nombreux balcons ouvragés. En dessous du Ponte Nuovo, Via Natalelli, le Museo Archeologico Ibleo expose des matériaux qui illustrent l'histoire ancienne et archéologique du territoire, du néolithique à la fin de l'Antiquité.