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Publié le 25/04/2018 5 minutes de lecture
Depuis plus de 2000 ans, les Coréens façonnent avec grâce les lignes et la perspective des paysages qui les entourent. Les paysagistes accordent une place cruciale à l’aménagement des pierres et à l’effet naturel, plus patent que dans les majestueux jardins chinois et japonais. Bien souvent, les jardins coréens mettent autant en valeur l’itinéraire des promenades que le paysage lui-même.En mai 2017, Séoul inaugurait le “jardin suspendu” Seoullo 7017. Ce nouveau parc qui a fleuri sur une ancienne autoroute est une réinterprétation contemporaine d’un aménagement horticole coréen vieux de plusieurs siècles. C’est aussi l’un de ces nombreux parcs et jardins merveilleux qui prouvent que la Corée du Sud, connue avant tout pour ses technologies de pointe et son kimchi, a aussi la main verte.
Jardin suspendu
Bien qu’il s’agisse d’un parc artificiel, Seoullo 7017 invite à la flânerie. Cette autoroute urbaine construite en 1970 renaît en 2017 sous la forme d’un jardin paysager piétonnier comptant 17 accès (ces chiffres expliquent aussi le nom du parc).

Les jardins secrets de Séoul
En plein cœur du centre-ville, Seoullo 7017 montre très ostensiblement à quel point la ville se soucie d’intégrer la nature à l’environnement urbain. Toutefois, cet intérêt pour le paysage n’est pas nouveau à Séoul. Il y a quelque 600 ans, au temps de la fondation de la ville, c’est la dynastie Joseon – plutôt que les maires de l’époque– qui soutenait les paysagistes. Une des créations majeures de cette époque royale est le Huwon, paisible clairière rustique nichée derrière le palais de Changdeokgung, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Le jardin, qui gravite autour d’un étang aux nénuphars carré surplombé d’un pavillon d’observation où les rois et les courtisans d’antan écrivaient et lisaient des vers, est communément appelé Biwon, ce qui signifie “jardin secret”. Il n’est accessible que via une visite guidée (2 à 3 par jour, limitées à 50 participants).

Le jardin du Matin calme
Séoul compte plusieurs autres magnifiques parcs et jardins, notamment ceux des autres palais royaux, Gyeongbokgung et Deoksugung, ainsi que des créations modernes comme le très acclamé Parc Seonyudo, aménagé dans une ancienne station de traitement des eaux, sur une île du fleuve Han.


L’île de Namiseom
Environ 20 km au nord-est du jardin du Matin Calme, Gapyeong (accessible en métro depuis Séoul en moins d’une heure) constitue le point de départ pour explorer l’architecture paysagère de l’île de Namiseom voisine. Jouissant d’une renommée internationale grâce à la série télévisée Winter Sonata (2002), qui met à l’honneur ses paysages forestiers, cette île en forme de croissant de lune fut achetée par Minn Byeong-do, un ancien gouverneur de la Banque de Corée, en 1965. Ce dernier fit de l’île un parc où l’on planta de nombreux arbres, notamment une allée de majestueux métaséquoias. D’autres zones de l’île sont recouvertes de ginkgos jaunes et de cerisiers qui se parent de fleurs roses et blanches au printemps. L’île s’est autoproclamée “République de Naminara” et se dit culturellement indépendante ; elle possède son propre visa d’entrée (le billet “passeport” d’accès au parc) et 20 jardins différents, notamment un jardin conçu pour attirer les papillons.
Jardins de Jeju-do
Reliée au continent par plusieurs vols et ferries, l’île subtropicale de Jeju-do est la destination de vacances préférée des Sud-Coréens. Avec son climat humide et ses sols volcaniques riches, l’île offre aux jardiniers l’opportunité de travailler avec différents types de plantes. Créé et entretenu avec détermination 30 ans durant par un fermier du cru, le Jardin des Esprits de Jeju abrite des centaines de bonsaïs – bunjae en coréen. Ces arbres miniature taillés avec amour sont regroupés dans un jardin semé d’étangs où nagent des carpes koï colorées, de cascades et de roches volcaniques noires caractéristiques de Jeju.

Traduit par : Anna Alvarez