Tarente

Massafra

Connue comme la terra dei masciari, la “terre des magiciens”, Massafra est la seconde grande ville de l’Arc ionien tarentin. Bâtie sur une terrasse donnant à la fois sur la côte et les montagnes, elle se distingue par des habitations et des églises troglodytiques, témoignages de la civilisation rupestre qui a peuplé les cavités naturelles de la région à diverses périodes. Enjambée par trois ponts d’une hauteur impressionnante, la Gravina di San Marco (gorge de San Marco) sépare la ville en deux : la ville moderne (Borgo Santa Caterina, sur le flanc est) et la vieille ville (la Terra, sur le flanc ouest). Une autre gorge, la Gravina della Madonna, donne son nom à un sanctuaire tout proche.

Que faire à Massafra ?

À Massafra, près de 35 églises ou cryptes troglodytiques ont été aménagées dans le tuf, mais seul un petit nombre est ouvert au public. Pour les découvrir, il faut recourir à des visites guidées, en s’adressant à l’Infopoint. Pensez à vous munir de bonnes chaussures et de vêtements chauds.

Le premier itinéraire descend dans la Gravina di San Marco. Il part de la Chiesa Rupestre San Leonardo (Via Giordano Bruno), église grecque orthodoxe à l’origine, tapissée de fresques réalisées entre la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle. Grâce à la circulation ininterrompue de l’air qui les a protégées de l’humidité, beaucoup sont en bon état. La principale, dans l’abside, représente le Christ Pantocrator entouré de la Vierge, de Jean-Baptiste et des saints.

En serpentant en pente raide au milieu des figuiers de Barbarie et des câpriers sauvages, on rejoint la deuxième étape : la Chiesa della Candelora (“église de la Chandeleur”) dont une fresque du XIIe siècle illustre l’épisode à l’origine de cette fête : La Présentation de Jésus au temple. Toujours dans le même cycle de fresques, admirez la scène où l’Enfant Jésus marche à côté de sa mère en la tenant par la main, un thème iconographique très rare.

Troisième étape, la Chiesa di Sant’Antonio Abate (Via Vittorio Abate), transformée au XIXe siècle en un hôpital aujourd’hui désaffecté. Quelques mètres en dessous, deux églises — l’une de rite latin, l’autre de rite grec orthodoxe – ont été réunies en une seule crypte abondamment ornée de fresques.

Le deuxième circuit pénètre dans la Gravina della Madonna della Scala, aux abords de la ville. D’après la légende, on y trouva des biches en adoration devant une icône byzantine de la Vierge. Au XIIIe siècle, on construisit une église à cet emplacement, puis, en 1731, le Sanctuario della Madonna della Scala, sanctuaire marial au théâtral escalier baroque de 125 marches (il y a aussi un ascenseur !). Au fond de l’abside, la Vierge à l’Enfant est le seul vestige de l’édifice médiéval.

Depuis le parvis de l’église, on descend à la Chiesa Rupestre della Madonna della Buona Nuova (VIe -VIIe siècles), ornée, notamment, d’une grande fresque de la déisis, un thème fréquent dans l’art byzantin représentant le Christ en majesté entre la Vierge et saint Jean-Baptiste. Autour s’étend un ancien village troglodytique, auquel on accède par un sentier quelque peu ardu le long de la gorge. En revanche, c’est un escalier plus pratique qui mène à l’intérieur de la Farmacia del Mago Greguro, Greguro ayant été un magicien-guérisseur. Cet ensemble est composé d’une douzaine de grottes creusées d’une centaine de niches qui servaient sans doute à la conservation des herbes médicinales. En effet, le microclimat particulier des gorges favorise la pousse de ces plantes, dont on dénombre encore aujourd’hui environ 400 espèces. En chemin, on peut visiter la Grotta del Ciclope, jadis place centrale du village.

Le troisième itinéraire (lui aussi partiellement accessible de manière autonome) se déploie le long de la vaste Gravina di San Marco, jusqu’au Villaggio Rupestre di Santa Marina. Occupé du VIIIe au XVIIIe siècle, ce village comprend une dizaine d’habitations, d’écuries et d’ateliers creusés dans le tuf, donnant sur de grandes cours qui encadraient les activités de la vie commune, accessibles par des escaliers. L’un d’eux mène à la Cripta di Santa Marina, église hypogée qui conserve des fresques abîmées représentant les saintes Marine et Marguerite. Du Ponte Vecchio (Via Caduti della Nave Roma), admirez le panorama sur le village et sur l’église, ainsi que sur la Casa dell’Igumeno : l’endroit est surnommé le “Paradis de Massafra”.

Le pont est également un bon point de vue pour observer le Castello Normanno. Érigé aux alentours de l’an mil, il passa aux mains des Angevins, des Aragonais et, à la fin du XVIIIe siècle, à la famille Imperiali, qui lui donna son aspect actuel. Il héberge la bibliothèque municipale et le Civico Museo Storico Archeologico della Civiltà dell’Olio e del Vino dont la visite guidée fait découvrir la petite collection ethnographique.

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