Bourgogne

Bourgogne : environnement, nature et animaux

Carrefour entre Paris et le sud de la France, terre de confluences, cette région faiblement peuplée mais à l’identité bien marquée apparaît comme la carte postale d’une France aux doux paysages. Si l’on pense avant tout à ses vignobles, la Bourgogne dévoile toute une mosaïque de paysages et de milieux naturels, entre forêts, bocage, pelouses calcaires, qui recèlent une flore et une faune riches.

Le climat bourguignon

Le climat est très variable dans la région : la Bourgogne enregistre même les amplitudes thermiques les plus élevées de France. L’Ouest (Yonne, Nièvre) est ainsi marqué par un climat océanique, pluvieux à l’automne, plus chaud l’été, quand l’Est (Côte-d’Or) est plus influencé par un climat continental avec des hivers rudes et des étés secs très ensoleillés.Département le plus méridional, la Saône-et-Loire bénéficie, dans le couloir rhodanien, déjà d’influences méditerranéennes. Le massif du Morvan, dans sa partie la plus haute, connaît, lui, des conditions sub-montagnardes.

Un territoire peu densément peuplé

La Bourgogne, qui a fusionné en 2015 avec la région Franche-Comté, s’étend sur quelque 32 000 km². Sa densité de population est assez faible, avec 52 habitants au km², répartissur quatre départements ; elle est largement inférieure à la moyenne nationale. Région-carrefour, région de passage entre Nord et Sud, la Bourgogne, dont 60% du territoire est occupé par l’activité agricole, concentre l’essentiel de ses habitats autour de ses rares grandes agglomérations, telles Dijon ou encore Chalon-sur-Saône.Le territoire, dont le relief dépasse rarement les 400 m d’altitude, est mondialement renommé pour son vignoble, vitrine de la région, mais celui-ci n’en couvre finalement qu’une faible superficie (moins de 10%). La forêt domine, couvrant presque un tiers de la région. Mais la Bourgogne est finalement avant tout composée d’une complexe mosaïque de paysages entre prairies, bocages, milieux humides, plateaux et vallées.

Une région, plusieurs “pays”

Il serait ainsi préférable de parler des “pays de Bourgogne”, tant ses terroirs sont variés, du sud du Bassin parisien au Beaujolais, de la plaine de la Saône aux plateaux du Charolais, et tant elle compte de régions naturelles. Géologiquement, son sous-sol est très hétérogène, entre hautes croupes granitiques morvandelles, âpres plateaux calcaires du Châtillonnais, plaines argileuses et humides de l’Auxois et de la Saône... Grâce à la variété de ses formations géologiques et à ses influences climatiques multiples, cette région est loin de présenter une unité géographique. Pour les géologues, comme d’ailleurs pour les géographes, cette province “a un centre mais point de frontière”.Dans la partie occidentale de la Bourgogne, au nord, la région croque sur les marges du Bassin parisien. Le Gâtinais, le pays d’Othe et la Puisaye sont sur des sols argileux ou siliceux, favorables à l’élevage. À l’ouest, la Basse-Bourgogne est constituée d’une bande de bas plateaux calcaires céréaliers, creusés par les vallées du Serein, de l’Armançon et de l’Yonne. Bordées de vignobles, ces vallées ont fait du Tonnerrois, du Chablisien et de l’Auxerrois les portes d’entrée de la Bourgogne viticole. Ces bas plateaux calcaires sont prolongés au sud-ouest par ceux du Nivernais : ses sols argileux laissent croître aussi bien des forêts de feuillus que des prairies où paissent les charolaises.Le long couloir de plaine parcouru par la Saône constitue l’ossature de la partie orientale de la Bourgogne. Au nord, la riche plaine dijonnaise, consacrée aux grandes cultures (blé, orge, colza) ; au centre domine une forêt de chênes et de charmes, percée par des clairières ouvertes au Moyen Âge par les moines de Cîteaux. Au sud, la Bresse, pays d’élevage, présente une sorte de mosaïque de champs et de prairies entrecoupés de haies, d’étangs et de forêts. La partie centrale sépare la plaine de la Saône des bas plateaux occidentaux. Il s’agit, au nord, de plateaux calcaires du Châtillonnais et de la Montagne dijonnaise, qui peuvent atteindre près de 600 m. Dans ces paysages se côtoient les cultures céréalières et les forêts de chênes et de hêtres, et les eaux s’enfouissent pour jaillir en résurgence, comme la source de la Seine, à Châtillon-sur-Seine. Vers le sud enfin s’élève le massif du Morvan.

Le Morvan, fragile poumon vert de la Bourgogne

Occupant la partie centrale de la Bourgogne, à cheval sur les quatre départements, protégé en tant que parc naturel régional depuis 1970, ce massif granitique de roches cristallines est le territoire le plus sauvage de la région. Ce paysage de petites collines tout en courbes, qui culmine à 901 m d’altitude au Haut-Folin, est irrigué par un dense réseau hydraulique alimentant le bassin de la Seine. Le territoire est composé de bocage, mais, dès que l’altitude s’élève, il se couvre majoritairement de forêts (45% de la superficie). Les futaies de chênes et de hêtres sont menacées depuis plusieurs décennies par l’extension des résineux tels le pin douglas et l’épicéa – le Morvan est d’ailleurs la première région française productrice d’arbres de Noël. Le territoire abrite toutefois encore de nombreuses tourbières qui jouent un rôle écologique essentiel : elles régulent et épurent les eaux qui les traversent. Vestiges de paysages millénaires, ces milieux humides et organiques se forment dans des dépressions situées sur des sols acides. L’omniprésence des cours d’eau conjuguée à l’acidité des terres ralentissent la décomposition des végétaux qui, au fil des années, s’accumulent pour former la tourbe. Comme la plupart des milieux humides, les tourbières, royaumes des mousses et des sphaignes, constituent des réserves écologiques précieuses notamment pour leur flore – la plante carnivore drosera, la callune ou encore la canneberge – et pour leur faune – vanneau huppé, amphibiens, etc.

La Côte, un paysage très humanisé

Bordant les marges de la vallée de la Saône, et résultant de l’effondrement tectonique du plateau calcaire de la “montagne”, la Côte est l’emblème de la région. Les collines proches des vallées sont occupées depuis des millénaires. En résulte un paysage viticole typique, modelé par l’humain et la nature, inscrit à l’Unesco pour la spécificité de ses “climats”. Sur les rebords du plateau, des combes – profondes entailles dans le calcaire – offrent toutefois un paysage plus sauvage et plus rocheux, domaine des grands rapaces. Les pelouses calcaires, défrichées par l’homme, sont, elles, riches en graminées. On y observe de rarissimes orchidées sauvages, des perdrix rouges et d’innombrables papillons. Le champignon est bien sûr l’un des rois des sols acides forestiers, tout comme les fruits et baies rouges. Sur les sols siliceux s’épanouissent l’ajonc et, plus au sud, l’érable de Montpellier ou l’inule des montagnes.Quelque 1 500 espèces de plantes ont été recensées en Bourgogne.

Un pays d’eaux

Pièce maîtresse de la géographie bourguignonne, le Seuil de Bourgogne constitue la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui de la Saône. Cette lourde voûte calcaire sépare les “pays de la Seine” de ceux de la Saône. Les eaux s’écoulent vers la Méditerranée, l’Atlantique et la Manche.Traversée par la Loire et la Seine, qui y prend sa source, la région possède un réseau hydrographique dense et complexe, avec 12 500 km de rivières poissonneuses. Il en résulte aussi de nombreuses plaines inondables, notamment dans les vallées de la Saône, du Doubs, de l’Yonne et de la Loire, vivant au rythme des crues hivernales et printanières dont elles contribuent à diminuer l’ampleur. Éponges et réservoirs à la fois, ces plaines filtrent les inondations, préservant de ce fait la qualité des captages d’eau potable. Au fil des siècles, les paysans ont su profiter de la fertilité naturelle de ces milieux, due aux limons déposés par les eaux. Plus encore que les pâtures, les prairies de fauche ont conservé leur attrait pour de nombreuses espèces animales et végétales. Depuis plusieurs décennies, de nombreuses cultures – le maïs ou le peuplier – se sont toutefois développées au détriment des prairies et des espèces présentes.

Un nouveau parc national

Né en novembre 2019, le Parc national de Forêts, à cheval entre Champagne et Bourgogne, a été créé pour préserver, sur quelque 55 000 ha, les massifs forestiers représentatifs des couverts de feuillus des plateaux calcaires du sud-est du Bassin parisien, tels que la forêt de Châtillon, en Côte-d’Or. Environ 80% des arbres du massif, principalement composé de chênes, était déjà présents à la fin du XVIIIe siècle. Du fait de leur ancienneté et d’un boisement quasi ininterrompu, ces forêts abritent des milieux naturels précieux pour la faune et la flore – marais tufeux, pelouses sèches, prairies. Les populations de cerfs, de chevreuils et de sangliers sont très abondantes. Et on y rencontre également des espèces discrètes comme le chat forestier ou la rare cigogne noire.

Une faune riche, mais des espèces menacées

Majoritairement rurale, la Bourgogne est plutôt impactée, au catalogue des nuisances environnementales, par la pollution agricole, le remembrement des bocages, la motorisation sur les chemins ou l’extension des cultures du colza ou du maïs, qui ont réduit sa faune au fil des décennies. En Bourgogne, selon l’Observatoire régional de la biodiversité, parmi les 187 espèces d’oiseaux nicheurs sur le territoire, 59 sont classés vulnérables. C’est le cas de l’hirondelle rustique, du chardonneret élégant ou encore de la tourterelle des bois.Trois espèces sont menacées de disparition : le râle des genêts, le bruant ortolan et la rousserolle verderolle. Deux espèces observées ne se reproduisent plus sur le territoire : le butor étoilé et la pie-grièche grise. Trois espèces de mammifères sont particulièrement menacées : la loutre d’Europe, la crossope aquatique et la crossope de Miller (des musaraignes). Sur les 22 espèces de chauves-souris recensées, quatre sont en danger : le rhinolophe euryale, le grand rhinolophe, le murin de Natterer et le murin de Bechstein.Enfin, quatre espèces d’amphibiens – soit un quart des espèces bourguignonnes – sont menacées d’extinction ou classées vulnérables : le triton ponctué et le triton marbré, le triton crêté et le pélodyte ponctué (un crapaud) sont classés vulnérables. Point positif : le castor, longtemps chassé, a fait son grand retour ces dernières années dans la région. Quant aux fameux escargots de Bourgogne (l’Helix pomotia, visible dans l’Yonne et dont le ramassage est très réglementé) et aux écrevisses, ils font toujours partie des espèces emblématiques de la région.

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