Ne manquez pas la visite du palais de Topkapi lors de votre voyage à Istanbul.

Istanbul

Palais de Topkapi

© Denis Shevchuk - iStock

Topkapı a été le théâtre de plus d’anecdotes que tous les autres musées du monde réunis ! Sultans autoritaires, courtisans ambitieux, belles concubines et eunuques intrigants y ont défilé entre le XVe et le XIXe siècle. De nos jours, la visite des somptueux pavillons, du Trésor et du vaste harem offre un aperçu fascinant de la vie de la cour sous l’Empire ottoman.

L'histoire du palais

Mehmet II le Conquérant fit ériger les premiers éléments du palais peu après la Conquête (1453). Il y vécut jusqu’à sa mort, en 1481. Ses successeurs occupèrent le site jusqu’au XIXe siècle, puis ils le délaissèrent au profit d’ostentatoires édifices de style européen, tels Dolmabahçe, Çırağan et Yıldız, bâtis sur les rives du Bosphore.

Visite guidée de Topkapi 

Première cour 

Avant de passer la Porte impériale jetez un coup d’œil à la construction ouvragée de style rococo sur la place pavée. Il s’agit de la fontaine du sultan Ahmet III, datant de 1728 – le souverain adorait les tulipes. Vous entrerez ensuite dans la première cour, appelée cour des Janissaires ou des Cérémonies. Sur la gauche se dresse l’église byzantine Sainte-Irène (Hagia Eirene ou Aya İrini).

Deuxième cour 

La porte du Milieu (Ortakapı ou Bab-üs Selâm) conduit à la deuxième cour, où se traitaient les affaires de l’empire. Seuls le sultan et la Sultane Mère (sultane valide ; mère du sultan régnant) pouvaient franchir la porte à cheval. Tous les autres, y compris le grand vizir, devaient mettre pied à terre.

La deuxième cour, comme la première, ressemble à une jolie place. Contrairement aux palais européens traditionnels – de grands édifices entourés de jardins –, Topkapı se compose d’un ensemble de pavillons, de cuisines, de quartiers militaires, de salles d’audience, de kiosques et d’appartements organisés autour d’un espace central.

Les grandes cuisines du palais, situées à droite (est) en entrant, sont fermées au public depuis plusieurs années, dans l’attente d’être rénovées. À leur réouverture, elles renfermeront sans doute une petite partie de la vaste collection de porcelaines chinoises (céladons) de Topkapı, que les sultans appréciaient pour leur beauté, mais aussi parce qu’elle étaient censées changer de couleur au contact d’une nourriture empoisonnée.

Sur le côté gauche (ouest) de la deuxième cour se tient la salle du Conseil impérial (Dîvân-ı Hümâyûn). Le Conseil s’y réunissait pour discuter des affaires d’État ; le sultan les écoutait parfois à travers la grille dorée en haut du mur. La pièce de droite renferme des horloges appartenant à la collection du palais.

Le Trésor extérieur, au nord du Conseil impérial, abrite une impressionnante collection d’armes et d’armures ottomanes et européennes.

Le harem de Topkapi 

Selon la croyance populaire, le harem était l’endroit où le sultan pouvait se livrer à la débauche. Il s’agissait en réalité des appartements de la famille impériale, où chaque détail de la vie était régi par la tradition, le devoir et l’étiquette. Le mot “harem” signifie littéralement “interdit” ou “privé”.

Si les sultans pouvaient entretenir jusqu’à 300 concubines, le nombre de ces dernières était généralement moins élevé. Lors de leur arrivée au harem, les jeunes filles recevaient une instruction religieuse, apprenaient la langue et la culture turques, ainsi que les arts du maquillage, de la toilette et du maintien, la musique, la lecture, l’écriture, la broderie et la danse. Selon leurs mérites, elles devenaient ensuite dames d’honneur des concubines et de leurs enfants, puis de la mère du sultan. Les plus jolies et talentueuses passaient au service du sultan lui-même.

La loi islamique permettait au sultan d’avoir quatre épouses légitimes, qui recevaient le titre de kadın (épouse). Celles qui lui donnaient un enfant étaient appelées haseki sultan (pour un fils) ou haseki kadın (pour une fille).

Le harem était dirigé par la Sultane Mère, la mère du sultan, qui possédait souvent de grands domaines à son nom, qu’elle administrait par l’intermédiaire d’eunuques noirs. La Sultane Mère pouvait donner des ordres directement au grand vizir. Elle exerçait une forte influence sur le sultan, sur le choix de ses épouses et de ses concubines, ainsi que sur les affaires de l’État.

Les plus anciennes des quelque 300 pièces du harem datent de Murat III (règne 1574-1595) ; le harem des sultans précédents se situait dans l’Eski Saray (Vieux Palais) – aujourd’hui disparu – près de l’actuel Beyazıt Meydanı (place Bayezid).

Le harem compte 6 étages, parmi lesquels un seul est ouvert au public. On y accède par la porte des Carrosses, qui donne sur le dôme dit des Placards, puis sur la salle des gardes eunuques, décorée de belles faïences de Kütahya (XVIIe siècle).

Vient ensuite l’étroite cour des Eunuques noirs, également ornée de céramiques de Kütahya. Les dortoirs des eunuques noirs se trouvent derrière la colonnade en marbre sur la gauche. Les eunuques blancs, employés dans les premiers temps de l’empire, furent supplantés par des eunuques noirs offerts par le gouverneur ottoman d’Égypte. Au nombre de 200, ceux-ci gardaient les portes et servaient les femmes du harem.

Au bout de la cour, la porte principale du harem jouxte une salle des gardes avec deux immenses miroirs dorés. De là, un couloir sur la gauche conduit à la cour des Concubines et des Épouses du sultan, qui est entourée de bains, d’un lavoir, d’une buanderie, de chambres et d’appartements privés.

Plus loin, le kiosque du Sultan Ahmet, doté d’une cheminée en céramique, précède les appartements de la Sultane Mère, le centre du pouvoir dans le harem. De ces pièces ornementées, la mère du sultan surveillait et régentait son immense “famille”. Dans le salon de la Sultane Mère, remarquez les jolies peintures murales du XIXe siècle représentant des vues bucoliques d’İstanbul.

Après la cour de la Sultane Mère, une splendide salle de réception pourvue d’une grande cheminée donne sur un vestibule couvert de faïences de Kütahya et d’İznik du XVIIe siècle. C’est là que les princes, la mère du sultan et les principales concubines attendaient d’être reçus par le sultan dans la belle salle Impériale. Construite sous le règne de Murat III, cette pièce fut redécorée dans le style baroque sur ordre d’Osman III (règne 1754-1757).

Non loin, le salon privé de Murat III (1578) est l’un des plus somptueux du palais. Il a conservé pratiquement toute sa décoration d’origine, qui fut sans doute l’œuvre de Sinan. La fontaine en marbre à trois niveaux, récemment restaurée, fut conçue pour que le bruit de l’eau empêche d’espionner les conversations du sultan. Les bancs dorés sont des ajouts du XVIIIe siècle.

Continuez jusqu’au salon privé d’Ahmet III. La salle à manger attenante, construite en 1705, est bordée de panneaux de bois décorés de fleurs et de fruits peints à la laque.

Au nord-est (à droite après la porte) du salon privé de Murat III, vous attendent deux des plus belles salles du harem : les kiosques jumeaux/appartements du prince héritier (vers 1600). Remarquez la peinture sur toile du dôme dans la première et les beaux panneaux de faïence d’İznik au-dessus de la cheminée dans la seconde. Les vitraux méritent aussi le coup d’œil.

À l’est des kiosques jumeaux, la cour des Favorites, en fait une terrasse, jouxte un grand bassin. Juste après la cour, à l’étage supérieur, les nombreuses petites pièces sombres servaient de kafes, où les frères et les fils du sultan étaient emprisonnés.

De là, un couloir conduit vers l’est à un passage appelé la Route dorée, puis à la troisième cour du palais.

Sachez que le circuit de la visite du harem change quand des salles sont fermées pour restauration ; certains des endroits décrits ci-dessus pourront être inaccessibles lors de votre passage.

Bon à savoir : L’entrée du harem est située sous la tour de Justice, du côté ouest de la deuxième cour. Pour visiter cette partie – ce qui est vivement recommandé ! –, vous devrez acheter un billet spécifique à la billetterie du harem.

Troisième cour

La porte de la Félicité ouvre sur la troisième cour, le domaine privé du sultan, où les gardes et les serviteurs étaient des eunuques blancs. À l’intérieur, la salle des Audiences, du XVIe siècle, fut réaménagée au XVIIIe siècle. Les dignitaires et les ambassadeurs étrangers étaient reçus dans ce pavillon pour traiter des affaires de l’État. Le sultan, assis sur un immense divan, examinait les cadeaux et offrandes des ambassadeurs, présentés par la porte sur la gauche.

Derrière la salle des audiences, la jolie bibliothèque d’Ahmet III remonte à 1719. Très lumineuse, elle comprend de confortables espaces de lecture et de splendides marqueteries.

Du côté est de la troisième cour, le dortoir du Corps expéditionnaire abrite aujourd’hui une riche collection de robes, de caftans et d’uniformes impériaux, brodés de fils d’or et d’argent. Il renferme également une intéressante collection de chemises talismaniques, censées protéger ceux qui les portaient des ennemis et de toute malchance. L’art du textile atteignit son apogée sous le règne de Soliman le Magnifique, quand les ateliers impériaux produisaient des tissus d’un raffinement et d’une qualité exceptionnels. Ne manquez pas le somptueux caftan en soie de Soliman, orné de tulipes.

De l’autre côté de la troisième cour, les salles des Chambres fortes sacrées, décorées de faïences d’İznik, contiennent de nombreuses reliques du Prophète. À l’époque des sultans, elles étaient ouvertes une fois par an, le 15e jour du ramadan, afin que la famille impériale puisse rendre hommage à la mémoire du Prophète. Un imam récite quelquefois des versets du Coran, assis dans une cage de de verre près de la sortie.

À côté, le dortoir de la Chambre privée renferme les portraits de 36 sultans, dominés par la splendide Cérémonie de couronnement du sultan Selim III (1789), œuvre du peintre Konstantin Kapidagli.

Le trésor impérial

À l’extrémité est de la troisième cour, le trésor de Topkapı forme une fabuleuse collection d’objets fabriqués ou décorés avec de l’or, de l’argent, des rubis, des émeraudes, du jade, des perles et des diamants. Le bâtiment, construit en 1460 sous le règne de Mehmet II le Conquérant, servait à l’origine de salle de réception.

Dans la première salle, ne manquez pas l’épée sertie de joyaux de Soliman le Magnifique, ainsi que le trône d’Ahmet Ier (ou trône d’Arife), incrusté de nacre et dessiné par Sedefkâr Mehmet Ağa, l’architecte de la Mosquée bleue. Il s’agit de l’un des quatre trônes impériaux exposés ici. La deuxième salle contient des figurines indiennes en perles. Après avoir traversé la troisième salle et admiré le casque ottoman du XVIe siècle, plaqué d’or et incrusté de turquoises, de rubis et d’émeraudes, vous arriverez dans la dernière – et la plus impressionnante – salle, qui renferme la pièce maîtresse du Trésor : la dague de Topkapı. Objet du vol audacieux dans le film Topkapi de Jules Dassin (1963), la dague comporte trois énormes émeraudes sur le manche et une montre dans le pommeau. C’est également ici qu’est conservé le diamant du Kasıkçı (dit du fabricant de cuillères), un diamant de 86 carats en forme de poire, entouré de dizaines de pierres. Il fut porté par Mehmet IV lors de son accession au trône, en 1648.

Quatrième cour

Des pavillons d’agrément occupent la quatrième cour du palais, également appelée jardin des Tulipes. Parmi ces constructions, le kiosque de Mecidiye fut conçu par Abdülmecit Ier (règne 1839-1861), qui s’inspira des modèles européens du XIXe siècle. En contrebas, la terrasse du restaurant Konyalı offre une belle vue, bien que la qualité des plats laisse à désirer. À l’ouest du kiosque de Mecidiye se dresse le pavillon du Médecin-chef – qui était toujours l’un des sujets juifs du sultan. À proximité, le kiosque de Kara Mustafa Pacha (Sofa Köşkü), datant de la fin du XVIIe siècle, est pourvu d’un plafond doré, de murs peints et de vitraux délicats. Sous le règne d’Ahmet III, le jardin des Tulipes situé devant le kiosque réunissait les dernières variétés de la fleur.

Au bout du jardin des Tulipes, un escalier conduit à la terrasse de marbre, une esplanade dotée d’un bassin décoratif, de trois pavillons et du curieux İftariye Kameriyesi, une petite construction commandée par İbrahim Ier en 1640 pour rompre le jeûne du ramadan.

Murat IV fit ériger le kiosque d’Erevan en 1636, après avoir pris aux Perses la ville d’Erevan (aujourd’hui en Arménie). En 1639, il édifia le kiosque de Bagdad, l’un des derniers exemples d’architecture palatiale classique, pour commémorer sa victoire sur cette ville. Remarquez les superbes faïences d’İznik, le plafond peint et les incrustations de nacre et d’écaille de tortue. Construite par İbrahim en 1640, la petite salle de la Circoncision (Sünnet Odası) servait pour le rituel de passage dans le monde des hommes. Les murs extérieurs sont ornés de somptueux panneaux de céramique.

Les informations pratiques

Prix : Le prix d'entrée standard est d'environ 750 livres turques pour les adultes, avec des frais supplémentaires d'environ 350 livres turques pour accéder au harem ou à l'église Sainte-Irène.
Horaires : Pour une expérience optimale, il est recommandé de visiter le palais de Topkapi tôt le matin, dès l'ouverture, afin d'éviter les foules, surtout pendant la haute saison touristique. Les lundis matin sont généralement moins fréquentés. Les mois de mars à début mai et de septembre à novembre offrent des conditions météorologiques agréables et une affluence touristique modérée, idéales pour une visite sereine.

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