Le Cap de Rodon, une merveille naturelle de l'Albanie
Isolé et bucolique, parsemé de criques plus ou moins cachées, le cap de Rodon est une merveille de la nature. S’il n’est pas encore très connu des touristes étrangers, il constitue la destination préférée des Albanais des environs qui veulent fuir la chaleur estivale le temps d’un week-end. Il doit son nom au dieu de la Mer des Illyriens, et, récemment, des navires illyriens datant d’il y a 2 300 ans ont été retrouvés ici, témoignant de la longue histoire de la région.
Le cap de Rodon, à une bonne heure de route de Durrës, s’enfonce sur une dizaine de kilomètres dans l’Adriatique, qu’il domine de 30 m aux points les plus élevés. En chemin, vous croiserez sûrement bon nombre de camions poussifs et d’autres véhicules mal en point, sans compter des ânes et des poulets, mais il est à parier que c’est pour admirer le paysage que vous vous arrêterez, et non pour leur céder le passage. En effet, à chacun de ses tournants, la route qui serpente entre des collines parsemées de petits villages et de forêts de chênes verts offre un panorama superbe. Suivez les panneaux indicateurs, et vous trouverez une barrière qui marque l’entrée officielle du cap (entrée 100 lekë, parking près de l’église 100 lekë) ; au bout de la route goudronnée, au croisement, tournez à droite et continuez. Devant vous s’étend une vaste prairie se déroulant jusqu’à la mer, des bunkers éparpillés un peu partout et la jolie petite église Saint-Antoine (Kisha e Shën Ndojt). Construite au XIIe siècle et remaniée au XVe , elle dépendait du monastère franciscain de Sainte-Claire, l’un des plus importants d’Albanie. Sous la dictature communiste, elle servit de dépôt militaire. Elle a été restaurée grâce à des fonds européens et rouverte au culte. À l’intérieur, dépouillé, un fragment de fresque représente une aigle à deux têtes, emblème de l’Albanie, et un personnage féminin en costume de chevalier – peut-être la sœur de Skanderbeg, qui fonda le monastère.
Le camping sauvage est permis, et vous pourrez boire un verre au Rëra e Bardhë (“sable blanc” ; boissons 100-150 lekë ; parasol avec 2 chaises longues sur la plage 400 lekë), petit bar sur la plage en contrebas tenu par un gérant sympathique. Si vous envisagez de passer la nuit sur place, prévoyez le nécessaire et emportez de quoi vous restaurer. De la plage, si vous tournez à gauche, une promenade d’environ 20 minutes le long du rivage jonché d’algues (et de détritus) vous mènera à une autre plage plutôt paisible, près des ruines d’une forteresse : le château de Skanderbeg. Édifié entre 1450 et 1452 par le héros national pour défendre les côtes albanaises, il fut détruit par les Ottomans en 1467, puis reconstruit par les Vénitiens au début du XVIe siècle. La mer et le vent ont fait leur œuvre, et il n’en reste aujourd’hui que quelques remparts et une tour. Perdues au milieu des rochers et du maquis, ces ruines sont particulièrement pittoresques. Hormis par le sentier indiqué précédemment, on y accède par la mer.
Le cap de Rodon chamboulera votre idée du silence : certains jours, le calme est tel que l’on peut entendre les pêcheurs siffler au large. En revanche, si vous tombez sur une sortie scolaire au cap, réfugiez-vous sur les plages près du château.
Comment aller à cap de Rodon ?
Le seul moyen de rejoindre le cap est de prendre la voiture ou la moto, à moins de prendre part à un circuit organisé comme ceux proposés par l’Hostel Durrës. Prenez le même chemin que pour la baie de Lalëz, mais suivez les indications jusqu’au cap.