Apollonia, le plus grand site archéologique d'Albanie
À une dizaine de kilomètres à l’ouest de Fier, près du village de Pojan, Apollonia est le plus grand site archéologique d’Albanie. Les premiers sondages sont effectués en 1918, alors que la région est occupée par l’Autriche-Hongrie. À partir de 1923, des fouilles sérieuses sont entreprises par une mission française sous la direction de Léon Rey. Elles sont interrompues en 1939 par l’occupation italienne et reprises en 1941 par l’archéologue italien Sestieri. À la fin des années 1950, une nouvelle campagne est conduite par des Russes et des Albanais, ces derniers restant seuls sur le site après la rupture entre leur pays et l’Union soviétique. En 1992, sous l’impulsion de Pierre Cabanes, une nouvelle collaboration franco-albanaise est mise sur pied. Aujourd’hui, ce qui a été mis au jour ne représente qu’une petite partie de ce qu’il reste encore à découvrir.
L'histoire d'Apollonia
Apollonia est fondée en 588 av. J.-C. par des colons grecs de Corfou et de Corinthe sur le territoire de la tribu illyrienne des Taulantins. En quelques siècles, elle s’affirme comme une ville importante et prospère. Elle le doit à une économie florissante fondée sur l’agriculture et le commerce des esclaves, et à son emplacement : non loin de l’Aôos (aujourd’hui le fleuve Vjosë) et à une dizaine de kilomètres de la côte, elle joue un rôle de port fluvio-maritime. À son apogée, la ville compte plus de 70000 habitants, occupe une surface de plus de 80 ha, bat sa propre monnaie, et son port est réputé pouvoir accueillir jusqu’à 100 navires. En 229 av. J.-C., elle est sous la protection de la République romaine, avec laquelle elle a noué des alliances, avant d’être intégrée à la province de Macédoine en 148 av. J.-C. Avec Dyrrachium, elle est l’un des deux points de départ de la Via Egnatia. Cette position qui favorise les échanges vaut à la ville de se muer en un centre intellectuel de premier plan. Ainsi, en 44 av. J.-C., son académie compte parmi ses élèves Octave, le futur Auguste, qui y étudie sous la houlette du stoïcien grec Athénodore le Cananite.
Au IIIe siècle de notre ère, après un séisme, le cours du fleuve Vjosë est modifié. Le port commence à s’ensabler, la zone devient marécageuse, ce qui provoque la diffusion de la malaria, et Apollonia se vide progressivement de ses habitants. Au IVe siècle, elle est supplantée par Vlora et Durrës. Au Ve siècle, c’est encore une cité commerçante et un centre épiscopal, mais les invasions des Goths et des Avars finissent par avoir raison d’elle. Ce n’est qu’au IXe siècle qu’on y retrouve des traces d’occupation avec la construction d’une église, puis d’un monastère au XIIe siècle. Au XIXe siècle, quand François Pouqueville, envoyé comme ambassadeur auprès d’Ali de Tepelen, la visite, il n’y voit plus que des ruines, une église et quelques moines…
Visiter le parc archéologique d'Apollonia
Le site archéologique s’étend sur plusieurs collines plantées d’oliviers. Deux systèmes urbains distincts ont été identifiés, la ville haute étant plus ancienne que la ville basse.
Le point central de la ville haute est l’acropole, où sont concentrés les principaux lieux d’intérêt. Le bouleutérion, ou temple des Agonothètes, est le mieux conservé. C’est là que se tenaient les réunions du conseil de la cité. Sa magnifique façade, d’ordre corinthien, a été relevée. L’odéon – à ne pas confondre avec le théâtre public (beaucoup plus loin et partiellement dégagé) – lui fait face : il servait pour des manifestations musicales et littéraires et pouvait accueillir jusqu’à 300 personnes sur ses 16 gradins. Plus au nord, les traces de la stoa, un portique de 75 m à double colonnade, sont encore imposantes : son mur est rythmé d’une succession de 17 niches. Faites une halte pour admirer de l’extérieur les mosaïques de la maison d’Athéna, du IIIe siècle av. J.-C., même si elles sont souvent couvertes de sable, en hiver notamment, pour les protéger. Plusieurs temples, un nymphée, un gymnase ou encore une bibliothèque ont aussi été mis au jour sur le site. Regardez bien les plans exposés et n’hésitez pas à partir à la découverte.
Près de la sortie du parc archéologique se dresse le monastère de la Dormition-de-la-Vierge. Ses deux ailes en L délimitent une cour intérieure dans laquelle se dresse une église. Leur datation est sujette à controverse, mais il semble que l’église soit antérieure au monastère. Elle aurait été construite au IXe siècle, puis remaniée au milieu du XIe ou au début du XIIe , quand le monastère a été édifié. L’église renferme de belles fresques du XIIIe siècle parmi lesquelles on reconnaît les portraits de Michel VIII Paléologue, son épouse Théodora, leur fils Andronic II et Michel IX Paléologue. L’aile ouest du monastère est aussi ornée de fresques, datant quant à elles du XIVe siècle et représentant les Noces de Cana, Élie au désert et des scènes de la Passion. C’est également dans les bâtiments monastiques, à l’étage, qu’a été aménagé un petit Musée archéologique, doté d’une collection d’objets provenant des alentours : statues, vases et articles en bronze, pièces de monnaie. Dans le parc se trouve aussi le bar-restaurant Leon Rey, installé dans la maison où vécut Léon Rey, l’archéologue qui découvrit Apollonia. Outre les grillades, spécialité du lieu, vous découvrirez un petit musée qui lui est consacré.
Apollonia : informations pratiques
Prix d'entrée : 400 lekë
Horaires d'ouverture : de 8h à 29h d'avril à septembre et de 9h à 17h d'octobre à mars.
Comment aller à Apollonia ?
Bus et furgon
Pour gagner Apollonia d’Illyrie, il vous faudra passer par Fier. Il y a des furgon, notamment depuis Durrës (200 lekë, 1 heure 30), Tirana (400 lekë, 2 heures), Berat (300 lekë, 1 heure) et Vlora (200 lekë, 45 min). De Fier, prenez un furgon sur 15 km (à partir de 50 lekë). Si vous ne voulez pas attendre un furgon, un taxi vous coûtera environ 500 lekë l’aller, depuis Fier.
En voiture et moto
Apollonia d’Illyrie se trouve à 2 heures de Durrës. Prenez la SH85 et suivez les panneaux pour Kavajë, puis empruntez la SH4 direction Fier.