Venise

Ca' Rezzonico

On dit souvent que la gloire de Venise prit fin au XVIe siècle, alors que la cité était encore «jeune». Cette théorie est totalement démentie par la Ca' Rezzonico, le musée du XVIIIe siècle vénitien. Les collections rassemblées dans ce palais offrent en effet l'occasion de découvrir le mode de vie de la noblesse vénitienne à la fin de la république.

Sous des abords somptueux, la Ca' Rezzonico ne manque pas de malice. Vaste et lumineux sans céder au kitsch, ce palais fut conçu par Baldassare Longhena. Giambattista Tiepolo couvrit les plafonds de représentations flatteuses de Ludovico Rezzonico, le montrant avec sa fiancée entouré de la Gloire, la Sagesse et le Mérite. Les trompe-l'œil ornant les dômes sont si habiles, si pittoresques et si théâtraux que l'on ne peut s'empêcher de déceler chez Tiepolo une certaine espièglerie.

Au XVIIIe siècle, ayant survécu à la peste, résisté aux envahisseurs turcs et vu leurs ambitions de domination mondiale écrasées, les Vénitiens étaient résolus à défier le mauvais sort. L'art de cette époque illustre cette attitude de manière tragi-comique. Des satires de Pietro Longhi décorent un salon entier de la Ca' Rezzonico. Dans Le Chocolat du matin (1775) par exemple, d'élégants Vénitiens se goinfrent de chocolat (boisson en vogue) et de beignets, au risque de faire éclater leurs boutons de gilets ou d'encourir les foudres du petit chien désapprobateur. Dans ses portraits au pastel, Rosalba Carriera restitue toute la malice de ses modèles, dont les petits sourires trahissent un goût certain pour la fête.

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