San Francisco

Alcatraz

Aucun prisonnier ne s’échappa d’Alcatraz (du moins officiellement). Mais quand les portes du bloc D se referment sur vous, nager 1,25 mile nautique contre les courants pour rejoindre la côte semble être une option envisageable. Heureusement pour vous, le ferry est là. Pendant plus de 150 ans, le simple nom d’Alcatraz a fait frissonner les innocents et donné des sueurs froides aux criminels. Première prison militaire de la nation, elle devint un pénitencier de haute sécurité, puis un territoire disputé entre des activistes amérindiens et le FBI. Il n’est donc guère étonnant qu’en posant le pied sur le “Rocher”, on se sente aussitôt envahi par l’étrange atmosphère des lieux. 

Histoire de la prison d'Alcatraz 

La première mention d’Alcatraz remonte à 1775 : le lieutenant espagnol Juan Manuel de Ayala, qui avait longé l’île de 8 ha à bord de son navire le San Carlos, en fit mention à son retour sous le nom d’Isla de Alcatraces (“île aux Pélicans”). En 1859, l’île, devenue un site militaire et le premier fort américain de la Côte Ouest, s’avéra fort pratique pour confiner les déserteurs de la guerre de Sécession (les insubordonnés et les militaires devant être traduits devant la cour martiale). Parmi ses prisonniers, Alcatraz compta également des Amérindiens “inamicaux”, notamment 19 Hopis qui avaient refusé d’envoyer leurs enfants dans des institutions où parler leur langue et pratiquer leur religion étaient passibles de châtiments corporels. En 1902, les quatre blocs de cellules en bois, en piteux état, insalubres et dépourvus d’équipements adaptés, devinrent incompatibles avec l’afflux de soldats américains condamnés pour crimes de guerre aux Philippines. En 1909, l’armée commença donc la construction d’une nouvelle prison. Mais les coûts de gestion du site se révélèrent très élevés, et le gouvernement fédéral eut bientôt d’autres priorités quand se succédèrent la Première Guerre mondiale et la crise financière. 

En 1922, lorsque la prohibition fut instaurée, le commerce de l’alcool tomba aux mains des organisations criminelles. Les autorités, déterminées à sanctionner de manière exemplaire les chefs de réseaux mafieux, décidèrent en 1934 de faire d’Alcatraz un établissement modèle, qui passa alors sous la gestion du Bureau fédéral des prisons. L’île n’accueillit jamais plus de 264 détenus à la fois, et les plus dangereux et les plus célèbres criminels du pays y purgèrent leur peine – notamment Al Capone, parrain de la mafia de Chicago, le pimpant kidnappeur George “Machine Gun” Kelly, “Bumpy” Johnson, gangster au sang chaud de Harlem et poète à ses heures, et Morton Sobell, ingénieur accusé d’espionnage pour le compte des Soviétiques aux côtés des époux Rosenberg. 

La vie dans la prison 

Les audioguides présentent notamment de captivants souvenirs d’anciens prisonniers et de gardiens. En prenant le temps de retirer votre casque un instant, vous entendrez le murmure de la ville vous parvenant depuis l’autre côté de la baie. Certains détenus trouvèrent dans ce fond sonore le courage de se lancer à l’assaut des dangereux courants. Il était théoriquement impossible de s’échapper d’Alcatraz, mais, en 1962, Frank Morris et les frères Anglin mirent des mannequins dans leurs lits et s’évadèrent sur un radeau de fortune - ils n’ont jamais été revus depuis. Finalement, la prison fut abandonnée aux oiseaux en 1963, à cause de son coût prohibitif.

L’occupation amérindienne 

Après la fermeture de la prison, les Amérindiens réclamèrent la souveraineté de l’île, car cette dernière avait servi de lieu de retraite spirituelle au peuple Ohlone. Mais les autorités fédérales refusèrent de transformer Alcatraz en centre d’études amérindiennes. En signe de protestation, en 1969, à la veille de Thanksgiving, 79 activistes amérindiens décidèrent d’investir le site. Pendant 19 mois, plusieurs milliers d’Amérindiens se rendirent sur l’île occupée. Le soutien du public incita le président Richard Nixon à restaurer les territoires autochtones et à renforcer l’autonomie des nations amérindiennes. Tous les ans depuis 1975, des dirigeants amérindiens organisent ici des cérémonies “anti-Thanksgiving”, à l’aube, afin de montrer leur détermination à renverser le cours de l’histoire coloniale. Aujourd’hui, on peut encore voir l’inscription “Home of the Free Indian Land” (“Territoire indien libre”) sur le réservoir d’eau. Quand le gouvernement eut repris le contrôle d’Alcatraz, il en fit un parc national abritant des espèces rares. Depuis, l’endroit est devenu une attraction touristique majeure.

Informations pratiques 

Adresse : San Francisco, CA 94133, États-Unis

Pour plus d'informations concernant les horaires et les tarifs des visites, consultez le site d'Alcatraz

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